CONFERENCE DU COMITE FRANCO-NIPPON -TOKYO, 7 JUILLET 2011
La mondialisation a affaiblit le pouvoir des États et augmenté l’interdépendance et le niveau de concurrence entre les économies. Ce processus d’intégration s’est accompagné d’un revirement idéologique en faveur des mécanismes de marché, dopant ainsi de façon considérable les économies des pays qui ont su intelligemment exploiter le système.
Mais, malgré son effet bénéfique sur certaines économies, en particulier celles de l’Asie de l’Est, il existe toujours de grandes inégalités entre pays ainsi que d’énormes déséquilibres monétaires et financiers. La plus récente crise causée en 2008 par le choc Lehman Brothers a entraîné presque partout un chômage de masse, l’effondrement de programmes sociaux étatiques et l’appauvrissement de plusieurs millions de personnes. Elle fut l’une des plus graves débâcles de l’histoire moderne.
Dans ce contexte où l’humanité se trouve à la croisée des chemins, le débat sur la nécessité de construire un système international polycentrique a vite refait surface. Ce débat a commencé à se poser à la fin de la deuxième guerre mondiale où l’ordre mondial reposait sur les organisations à vocation universelle.
De nos jours, il y a un quasi consensus sur les limites des institutions internationales classiques quant à leur capacité à mettre en œuvre des politiques, des stratégies de prévention ou d’amortissement des crises. La nécessité de mettre en place une nouvelle architecture de gouvernance globale plus représentative de la diversité de notre planète se pose avec beaucoup plus d’acuité.
Malgré cette prise de conscience sur l’opportunité de procéder à un changement de paradigme dans la gestion des affaires mondiales, de profondes contradictions persistent concernant les modalités de mise en œuvre de cette réforme.
Parmi les nombreuses pistes explorées, il y a le G8 ou même le G20 considéré comme le nouveau cadre de gouvernance mondiale et de gestion de l'instabilité croissante de l'économie globale.
Quel que soit le schéma retenu, l’efficacité de la réforme dépendra de sa capacité à intégrer tous les exclus d'hier, à travers l’édiction de normes et de règles claires dans l’organisation du monde, dans une démarche holistique, plus juste et équitable. L’économie du développement doit être fondée sur de nouveaux principes. Le premier d’entre eux est l’humilité des Economistes qui doivent convenir de la complexité de notre monde et des difficultés des modèles à rendre compte et des risques croissants qui menacent la stabilité du système global. Le second principe est le refus des «Pensées uniques» et la reconnaissance de la pluralité des chemins et des voies d’accès à la modernité économique.
Cette pluralité a été mise en évidence par les phénomènes de l’émergence et les BRICS qui ont poursuivi des voies spécifiques pour devenir de nouvelles Puissances économiques globales. Il est important d’observer les expériences qui donnent de bons résultats – à New-Delhi, à Sao Paulo, à Pékin, à Prétoria ou à Accra.
Les nouvelles priorités d’Institutions comme la Banque Mondiale devraient tourner autour d’une meilleure compréhension des conditions de transformations économiques, l’élargissement des opportunités, la prise en compte des vulnérabilités, une plus grande efficience des Programmes de développement et une plus grande participation des acteurs du développement. En un mot, démystifier l’économie du développement et la démocratiser, tout en mettant la question sociale au cœur des Politiques économiques.
A cet égard, il y a lieu de saluer la fin du monopole de la Recherche et de la Réflexion économique avec l’émergence d’autres Centres de production du Savoir, notamment en Afrique, où la Banque africaine de Développement –BAD-, la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique-CEA- et la Commission de l’Union africaine-CUA- comptent bien apporter des contributions qualitatives et ramener la création du Savoir sur l’Afrique en Afrique.
L’Afrique, forte d’une population de près d’un milliard de personnes, ne sera pas en reste d’autant plus qu’elle a connu ces dernières années de profondes transformations en termes de promotion de la démocratie et de résultats macro- économiques.
Dans ce processus, le Sénégal se veut un acteur de premier plan pour contribuer à la conciliation des nombreuses divergences que pose la réforme de la gouvernance mondiale, plus spécifiquement sur le plan économique.